Lors du dernier Festival international du Film Écologique qui s’est tenu à Bourges en octobre dernier, l’intervention d’un collaborateur du Maire de Bourges a réorienté le choix du jury composé de jeunes lycéens. OGM, Enjeu planétaire de Catherine Berthillier n’a pas eu l’heur de plaire aux organisateurs. Le sujet abordé était sans doute un peu trop sulfureux. Une grossière manipulation qui prouve combien à Bourges on se moque des jeunes, du cinéma ... et de l’écologie !
Le Festival international du Film Écologique, troisième du nom, s’est tenu cette année à Bourges du 04 au 07 octobre 2007. Organisé par « l’agence culturelle » de Bourges, à l’initiative du maire et ancien ministre Serge Lepeltier, il mettait en lice une trentaine de productions – documentaires, reportages et fictions – sous la présidence d’Allain Bougrain-Dubourg, célèbre animateur de télé et protecteur des petits oiseaux.
En réalité, il y avait au sein du festival deux jurys. Un jury de professionnels, et un « jury de jeunes », composé de neufs lycéens et lycéennes, scolarisé(e)s à Bourges et à Vierzon.
À la suite d’un visionnage marathon (voir une trentaine de film en trois jours en prenant des notes pour justifier des choix n’est pas de tout repos), les jeunes ont retenu le film de Catherine Berthillier, OGM, Enjeu planétaire. Mais, apparemment, ce choix s’avérait délicat pour les organisateurs du festival. Les motifs de cet embarras se laissent deviner à la lecture de la fiche de présentation du film : « Les premières cultures d’OGM sont apparues en 1994. peut-on y lire. Elles se sont depuis largement répandues aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique Latine. L’Europe en revanche fit de la résistance, tant au niveau des institutions que des opinions publiques. Alors, combat d’arrière-garde des passéistes contre les novateurs ? Ou bien, politique du fait accompli par les firmes de biotechnologies profitant du vide juridique et de la carence des Etats à se saisir du problème ? Une chose est sûre : aucun principe de précaution ne semble avoir guidé jusqu’ici la mise en culture de produits faisant pourtant franchir de façon irréversible la barrière des espèces, avec des conséquences inconnues pour l’environnement naturel comme pour la santé humaine. »
Pas « politiquement correct », en raison surtout des questions qu’il pose sur le rôle des U.S.A. dans la promotion, la fabrication et la diffusion des semences OGM, mais très bien réalisé, et traitant d’un sujet qui « interpelle », le film de Catherine Berthillier a séduit le jury des jeunes cinéphiles.
Pour sortir d’une situation qui risquait d’irriter le petit roi de Bourges, à quelques encablures du Grenelle de l’environnement et alors que Sarkozy, à peu près à la même période, s’employait à faire les yeux doux à l’Oncle Sam, Michel Pobeau est donc intervenu pendant les délibérations pour réorienter le choix des jeunes.
Très finement. D’abord il les a rassurés en leur confirmant qu’ils avaient fait un très bon choix. Ce film était assurément bon, très bon, si bon que le jury professionnel lui-même avait jeté son dévolu dessus ! Justement, il aurait été dommage de récompenser deux fois le même film, et d’oublier d’autres oeuvres qui pouvaient aussi retenir l’attention pour leurs qualités. Il a donc été demandé aux jeunes, naïfs, de sélectionner le second film sur la liste de leur choix, attendu que le premier se trouverait déjà sur le podium.
Vint la cérémonie de proclamation des résultats au cours de laquelle OGM, enjeu planétaire ne reçut ... aucun prix.
Catherine Berthillier a perdu l’occasion de voir son travail et celui de son équipe récompensé, pour des motifs qui, à l’évidence, ne relèvent en aucune manière de l’art cinématographique.
Les lycéen(ne)s jurèrent quant à eux, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendrait plus.
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