Le rapport, approuvé le 21 mars dernier, aborde l’ensemble des pollutions électromagnétiques, en distinguant les radiofréquences (regroupant les émissions de la téléphonie mobile, tv & radio), les fréquences intermédiaires (technologies médicales, anti-vol ou de tracabilité sans fil comme les RFID), les extrêmement basses fréquences (lignes à haute tension, électricité domestique et appareils électroménagers) et les champs statiques, liés à des aimants permanents ou au courant continu. Le document du SCENHIR s’intéresse plus spécifiquement aux effets non thermiques : les effets biologiques ou sanitaires constatés à des niveaux d’exposition inférieures aux limites officielles fixées dans la plupart des pays européens, France incluse.
Cet avis demandé par la Direction Générale santé et protection des consommateurs de la Commission Européenne et rédigé, entre autres, par deux directeurs de recherche de l’INSERM et un professeur de Santé Publique de la Faculté de Médecine de Nancy appelle ainsi à "plus de recherches" afin de "combler les lacunes" des données disponibles - notamment à long terme - sur les effets non thermiques.
Par exemple, selon le Comité, en matière de téléphonie mobile, peu d’indices attestent d’un risque accru de tumeurs cérébrales au-delà des 10 ans d’utilisation... Bien que le "lien" apparaisse dans le cas particulier du neurinome acoustique, une tumeur bénigne située dans l’oreille interne.
- "L’exposition humaine a ces champs augmenté"
Ainsi, pour y voir clair sur les effets à long terme de l’utilisation d’un téléphone mobile, les experts du SCENHIR recommandent une "etude de cohorte", afin de suivre sur le long terme le devenir de la population des usagers, ainsi qu’une autre étude à base de dosimètre individuel. Destinée celle-ci à mesurer précisément, gamme de fréquences par gamme de fréquences, les expositions individuelles aux radio et hyperfréquences.
Même chose en ce qui concerne les enfants. Aucune étude épidémiologique n’existe, et cette recherche s’avère urgente préviennent les auteurs. "Même si aucun indice spécifique n’existe, les enfants ou adolescents pourraient être plus sensibles à l’exposition aux radiofréquences que les adultes. Les enfants d’aujourd’hui vont de plus expérimenter une exposition cumulée bien plus élevée que les générations précédentes. Pour l’instant aucune étude épidémiologique n’est disponible."
"Le développement anatomique du système nerveux est terminé vers deux ans, un âge où les enfants n’utilisent pas de téléphone mobile bien que des téléphones bébés aient été récemment introduit. Le developpement fonctionnel, toutefois, continue jusqu’à l’age adulte et pourrait être perturbé par les champs RF."
Un avertissement encore répété dans le domaine cette fois des champs électromagnétiques intermédiaires. "L’estimation et l’évaluation correcte des éventuels effets sanitaires produits par l’exposition aux champs IF est essentielle car l’exposition humaine à ces champs augmente avec les technologies émergentes et nouvelles."
- Un avis timide, entre omissions et contradictions
Bref, que de prudence dans les formulations choisies ! Pourquoi tant de timidité dans des affirmations qui se traduisent par des phrases portant leur propre contradiction ? Sur les tumeurs cérébrales par exemple, peu d’indices existent hormis un lien dans le cas du neurinome acoustique. Faut-il considérer celui-ci comme anecdotique ? Un risque de multiplication des neurinomes acoustiques sera-t-il négligeable en termes de coûts pour la santé publique d’ici quelques années ?
Dans la mesure ensuite où on ne connait pas trop le sujet, des recherches seront nécessaires. Pourquoi ne pas encourager des mesures de précaution que les opérateurs de téléphonie mobile eux-mêmes commencent à afficher ? Rien non plus sur la différence de risque entre les usagers occasionnel et intensif. A partir de combien de minutes par jour devient-on un gros consommateur, en situation de risque sanitaire accru ? Serait-ce parce que selon les études, n’importe qui téléphonant plus de 10 minutes par jour ou plus de 3 fois par semaine peut être considéré comme une population à risque ?
Une étude de cohorte à long terme est recommandée... Mais ne sommes nous pas déjà, tous, les cobayes d’une vaste étude, en cours depuis plus de 10 ans, menée par les opérateurs et fabricants de matériel sans fil ? Une étude payée par nous-mêmes, d’abord en espèces sonnantes et trébuchantes, et peut-être à plus long terme par notre propre santé ? Ou par celle de nos enfants ?
Méthodologiquement, cet avis prudent, trop prudent, pose donc question. L’appel à de nouvelles études, additionnelles, alors que l’exposition s’amplifie, est-elle une façon de jouer la montre ? S’agit-il avec cet avis de prévenir le risque sanitaire ou d’éventuelles futures poursuites pénales ?
Seule certitude dans cette grande et nébuleuse expérience ambiante, menée à ciel ouvert : les conclusions sur le lien entre les champs magnétiques très basse fréquence et les leucémies infantiles, mis en évidence dès 1979, restent "encore valides". Le SCENIHR confirme que ces champs peuvent être carcinogènes. Notant, encore une fois, "que des recherches sont nécessaires pour comprendre les mécanismes derrière cette association." Sans plus de conseils ou de recommandations. Les citoyens européens exposés apprécieront.
Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (SCENIHR) Opinion on : Possible effects of Electromagnetic Fields (EMF) on Human Health
Further research into Electromagnetic Fields is necessary, scientific committee concludes, communiqué de presse du 4 mai 2007Source Naturavox
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