L’homme court à sa perte? On peut le croire, si l’on en juge par la course suicidaire du progrès moderne, paradoxalement héritée d’un certain épicurisme que l’on éprouvait à pleines dents dès Louis 15, qui selon la légende, n’hésitait pas à proclamer, dansant le menuet: “après moi le déluge“.
Quelques siècles plus tard, cette maxime devenue célèbre semble se prophétiser : il faut l’avouer, la situation contemporaine est intéressante et vive de promesses . Alors qu’un consensus international scientique sonne l’alarme depuis plusieurs années, mettant en garde l’ensemble de l’humanité contre les effets du réchauffement climatique, on ne réagit pas. Que se passe-t-il ? dans les années 80, la mise en évidence du trou dans la couche d’ozone atmosphérique avait déclenché une réaction internationale parfaitement orchestrée qui avait abouti à l’interdiction des gaz responsables, les CFC. Un bel exemple de mobilisation salvatrice. Mais aujourd’hui, il faut l’admettre, malgré les prévisions les plus alarmistes, l’humanité poursuit sa route, telle une voiture lancée à toute allure dans la nuit noire. Comme le disait Jacques Attali, la moindre des précautions serait d’allumer les phares ... Selon une étude publiée aux USA dans la revue “Proceedings of the National Academy of Sciences” et menée par Mike Raupach(1) de l’Organisation pour la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO) Marine and Atmospheric Research and the Global Carbon Project), les rejets de Gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, sont en forte augmentation depuis 2000. Ces constatations confirment les pires prévisions du IPCC (GIEC), et valident ses modèles les plus catastrophiques.
Adieu l’humanité ?
Pourtant, de nombreux acteurs et commentateurs ont pris acte de cette situation. Parmi ceux ci, les chanteurs, acteurs, écrivains ont leur mot à dire. Beaucoup parmi les plus riches investissent dans de somptueuses fondations, et d’autres prennent la plume. En la matière, l’imagination des romanciers n’a plus de limite : l’apocalypse est omniprésente, sous sa forme peut-être la moins catastrophique, la plus écologique : la disparition, provoquée ou subite, de l’humanité, est envisagée comme seule solution à la maladie qu’éprouve notre vieille planète.
Sauver la vie
Souvenez vous, il y a quelques mois, du débat soulevé par la publication du pamphlet de Yves Paccalet, “L’Humanité disparaîtra, bon débarras ! “ . On y lisait déjà une première esquisse de l’acceptation du rôle dévastateur de l’homme sur une planète, qui un jour ou l’autre, se décidera à s’en débarrasser : c’est d’ailleurs la théorie de James Lovelock , scientifique indépendant à qui l’on doit... Les instruments de mesure qui ont détecté les premiers trous dans la couche d’ozone. Dans son dernier essai, la revanche de Gaia , il poursuit sa théorie présentant la terre comme un être vivant, prête à se débarrasser de son petit virus qui s’attaque à tout ce qui bouge. Jean Patrick Costa, ethnopharmacien, spécialiste du chamanisme améridien, n’y va pas par quatre chemins : c’est l’humanité, sous la forme d’un terrorrisme écologique, qui fera son ménage.. Son dernier roman, la chamane du 5e age , s’aventure avec brio dans l’exercice d’anticipation en imaginant une dérive assez crédible de la société virtuelle, d’où se sont échappés quelques irréductibles fidèles aux traditions d’écologie profonde que transmettent toujours, à notre époque, de nombreux peuples premiers. Jean Christophe Rufin , lui aussi, fait dans le terrorisme : c’est plutôt un thème d’actualité..
Manhattan sous la végétation
Le symbole de Manhattan, où les évenements World Trade Center ont brutalement plongé la mondialisation dans une nouvelle époque, n’échappe pas à l’imagination des romanciers ou essayistes : la couverture d’
Homo Disparitus , dernier ouvrage du journaliste américain Alan Weisman, en est une joyeuse illustration. Après avoir consulté ingénieurs, responsables de maintenances d’installations industrielles comme les centrales nucléaires, Alan Weisman établit le scénario d’une évolution du monde contemporain, si l’homme n’en faisait plus partie. Il faut l’avouer, la ville sans hommes est un fantasme bien attirant (lire à ce sujet
l’article du Monde qui résume ce panorama imaginaire d’une planète laissée à l’abandon, pour son plus grand bien). De là à passer l’action, heureusement, il y a un monde : l’optimisme joyeux et naif se mêle au pessimisme réaliste dans les écrits de ces romanciers qui veulent tout simplement relayer, à leur manière, le message des scientifiques. Quand à faire disparaître l’humanité, au delà des livres, pas besoin de s’en préocupper : la terre s’en chargera ?
-------------------- Erwan Pianezza
ecoloPop : revue internationale d'actualité positiveSource
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