Ces taux diffèrent "de 1 à 100", selon Greenpeace, qui a fait analyser 619 échantillons prélevés, en 2006, en Allemagne et en Espagne. Certains fragments, constate l'organisation écologiste, ne portent même pas trace de la fameuse toxine, originellement tirée d'une bactérie, Bacillus thuringiensis (Bt), dont un gène a été transféré à la plante par génie génétique.
Outre la variabilité observée, les concentrations moyennes sont plus basses que celles présentées par Monsanto. Selon l'agrochimiste américain, le taux moyen de toxine est de 9,35 microgrammes par gramme de matière fraîche dans les feuilles. Les valeurs moyennes relevées par Greenpeace allaient de 0,5 à 2,2 microgrammes. Et celles publiées, en avril, dans le Journal of Plant Diseases and Protection par deux chercheurs allemands s'établissaient entre 2,4 et 6,4 microgrammes et révélaient aussi "une forte variation entre chaque plante".
REMISE À PLAT DES PROCÉDURES
"Une telle variabilité ne surprendra pas les biologistes, même si elle est joliment quantifiée", assure Denis Bourguet (INRA Montpellier). Elle avait été observée sur le maïs Mon 176, dont la production de toxine décroissait au fil de la saison, ce qui avait finalement entraîné son retrait. L'important est, selon lui, que les niveaux de toxines soient suffisants au moment où les larves passent à l'attaque. Sinon, le risque pourrait être de sélectionner des insectes résistants, et de rendre inopérantes certaines molécules tirées de Bt et utilisées en agriculture biologique. "Jusqu'ici, note-t-il cependant, on trouve très rarement des larves de pyrale en fin de saison dans les champs de Mon 810."
Pour Arnaud Apotheker, de Greenpeace France, ces nouvelles données révèlent "plusieurs inconnues concernant le Mon 810, notamment sur le niveau de toxicité réel de Cry1Ab." La toxine reste-t-elle efficace à des taux moins élevés que ceux annoncés par Monsanto ? Et si c'est le cas, cela signifie-t-il que la molécule est plus active qu'on ne le pense ? Pour éviter que des mutants capables de survivre n'apparaissent, la doctrine veut que la dose produite par la plante se situe à 25 fois la dose requise pour tuer 99 % des insectes cibles. Est-on toujours dans ce schéma ?
"Ces incertitudes montrent la faiblesse globale des processus d'évaluation des OGM. On se rend compte qu'on connaît très mal leur biologie", souligne Arnaud Apotheker. Il appelle donc à une remise à plat des procédures d'homologation, au moment où le Mon 810, autorisé il y a dix ans, et principal OGM cultivé en Europe, doit faire l'objet d'une réévaluation. Fin avril, l'Allemagne a décidé de suspendre la commercialisation de ces semences, dans l'attente d'un plan de surveillance amélioré réclamé à Monsanto, qu'il ne nous a pas été possible de joindre pour commenter ces nouvelles données.
L'herbicide Roundup toxique pour les cellules embryonnaires L'herbicide le plus utilisé au monde, le Roundup de Monsanto, a des effets délétères sur des cellules embryonnaires et des tissus placentaires humains, et agit comme un perturbateur endocrinien, selon une étude dirigée par Gilles-Eric Séralini (université de Caen), membre du Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (Criigen). Ces résultats, publiés le 4 mai dans la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology, complètent des travaux de 2005. "On observe les premiers effets toxiques à des doses 10 000 fois moins concentrées que la formulation vendue en magasin", indique M. Séralini. Ces effets augmentent au fil du temps. Le Roundup est, en outre, plus toxique que son principe actif, alors que la majorité des tests avant homologation sont conduits sur cette seule molécule, le glyphosate, regrette le chercheur
LE MONDE | 21.05.07 | 13h42 • Mis à jour le 21.05.07 | 13h43
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